Psychose en vol

Vendredi 07 Novembre 2014, 17h10. Je suis dans un vol pour Addis Abeba.

En ces temps de crash et de disparition, forcément quand on doit prendre un avion, on est plus inquiet que d’habitude. D’ailleurs, au moment où je commence ces lignes, je me demande si je les terminerai. Et si je les termine, aurais-je le temps de les publier? Si je n’arrive pas à les publier, quelqu’un arrivera t-il à récupérer quelque chose de ma tablette et voir ce texte qui finalement…. Enfin halte au pessimisme! Après tout, pour l’instant tout se passe bien, du moins relativement…. Passons plutôt à l’objet de ce texte.

Crédit Photo: letchoupinov

Ça va faire un bout de temps quand même que, pour des raisons professionnelles, j’ai plus ou moins pris l’habitude des déplacements en avion. Forcément je suis un peu coutumier des procédures, routines et tout le tralala qui va avec. Et encore quand on doit voyager du Cameroun, c’est un vrai parcours du combattant. D’ailleurs au moment de m’installer enfin en salle d’embarquement, je me faisais une réflexion du genre, il faudrait que je pense à rédiger un truc sur quelques astuces pour contourner les « pièges » que les différents bandits protagonistes qu’on rencontre entre le moment où on pose ses bagages à l’entrée de l’aéroport et le moment où on s’installe dans l’avion, essayent de tendre aux passagers. Ce n’est pas farfelu comme idée et je pense que ce sera non seulement une occasion de partage d’expérience pour tous ceux qui comme moi ont eu à faire avec les tracas de l’aéroport de notre chère ville, mais aussi une sorte de « bon à savoir » pour tous ceux qui un jour ou l’autre devront y passer.

Enfin revenons à notre voyage. Comme je disais tout à l’heure, au moment de prendre un avion, consciemment ou inconsciemment, on ne peut s’empêcher de se dire « et si… et si… ». Inquiétude logique. Si l’avion reste le moyen le plus sûr, c’est aussi celui qui ne pardonne pas quand ça « cuit ». Alors forcément on fait parfois attention à tous les détails, même si finalement on sait que ça ne sert en fait à rien.

Crédit Photo : www.saut-en-parachute-toulouse.fr
Crédit Photo : http://www.saut-en-parachute-toulouse.fr

La goutte d’eau qui faisait déborder le vase, la présence de Blé Goudé dans l’avion.

De tous les vols que j’ai eu à prendre, celui-ci était… est probablement le plus stressant. Enfin non, quand j’y repense, le plus stressant à ce jour reste tout de même mon voyage d’Abidjan pour San Pedro. San Pedro est une petite ville portuaire en Côte d’Ivoire. L’équivalent d’un Kribi chez nous. Ceci dit, les circonstances de ce voyage étaient particulières… Que dis-je? Exceptionnelles! Un petit avion de quoi? 15/20 places? Un voyage la veille du deuxième tour des élections présidentielles entre Gbagbo et Ouattara, dans le contexte politique de cette époque que vous devez connaitre. La goutte d’eau qui faisait déborder le vase, la présence de Blé Goudé dans l’avion. Déjà que dans un avion de cette taille, vous avez l’impression qu’un vent de 20 km/h est une rafale de 150 km/h, mais en plus si dans un contexte politique tendu vous devez être assis à côté d’une personnalité controversée… Je peux vous assurer que 1h durant je me suis imaginé tous les scénarios possibles, notamment un lance-roquette nous atteignant en plein vol… Après tout 15/20 personnes c’est quoi par rapport à l’élimination d’un « dérangeur » comme Blé Goudé? Et c’est là que tu commences à te dire qu’être une victime collatérale, ça craint! D’ailleurs ce vol m’a tellement traumatisé, qu’au retour j’ai demandé à rentrer en voiture. lol.

L’avion a une panne et on attend que la pièce nécessaire pour sa réparation arrive…

Jusqu’à maintenant, le vol que je considérais le plus stressant derrière celui-là était un vol d’Asky. Avec mon ami Arnaud, nous quittions Douala pour Abidjan (oui encore). Je me souviens que le vol était à un truc genre 9h du matin. Au moment où nous arrivons pour faire l’enregistrement, l’hôtesse d’Asky nous explique que le vol a été reporté à une heure non définie. Explications: l’avion a une panne et on attend que la pièce nécessaire pour sa réparation arrive… Euye!!!! Elle nous a demandé de laisser nos contacts afin qu’elle puisse nous rappeler quand l’avion serait réparé. Quand vous entendez un truc pareil, la dernière chose que vous souhaitez bien entendu c’est de prendre cet avion-là. Un partenaire avec qui nous étions a même préféré changé de compagnie (les gars bien!). D’ailleurs on s’est même demandé pour quoi elle nous avait dit ça. N’eut il pas été plus simple de nous dire que l’avion avait du retard? Ou de nous sortir n’importe quelle autre excuse bidon? Moins d’une heure après nous avons été rappelés pour la procédure d’embarquement, naturellement nous nous demandions si la fameuse pièce était déjà arrivée? La suite? 3 heures de vol à tergiverser sur la pièce en question… A t’elle été bien fixée? Va t’elle tenir? C’est même quelle pièce comme ça? Naturellement, dans de telles conditions, à chaque secousse, tu jettes rapidement un coup d’œil vers le hublot pour voir s’il y’a pas de la fumée sur les ailes… Ne me demandez pas pourquoi les ailes… Je pense qu’à force de voir des crashs dans des films où à chaque fois le pilote crie un truc du genre « Le réacteur 1 est touché! Le réacteur 1 est touché »…

J’avoue que je n’ai pas trop envie de faire le tour de la terre en mode « Breaking News »

Le vol d’aujourd’hui est un peu semblable à ce vol d’Asky, sauf que cette fois c’est Ethiopians, sa grande sœur qui est aussi normalement une des toutes meilleures compagnies du continent. Ici le « fail » a commencé dès que nous sommes entrés dans l’avion. A l’arrière de l’avion (où j’étais sensé m’installer), à la place du climatiseur, on avait droit à du chauffage… Les techniciens, semble t’il, travaillaient sur le problème. Environ 30 minutes après les hôtesses ont demandé aux passagers à l’arrière de remonter vers l’avant où il faisait moins chaud. On a eu droit aux formalités habituelles sur la sécurité (formalités que personne ne souhaite avoir à s’y référer). L’avion a dévalé la piste pour se mettre en position de décollage, et puis… rien. 10 minutes sur place, jusqu’à ce que le pilote annonce que l’avion a un problème technique non identifié et qu’on va retourner sur le « parking » afin que les techniciens travaillent dessus… Bonjour le stress.

A ce moment je me suis dit, si même le pilote fait demi-tour c’est que sérieux, et encore heureux qu’il n’ait pas été marié à Beyoncé; il aurait probablement préféré décoller histoire d’être à la maison le soir avec sa bien-aimée, plutôt que d’aller faire gérer le problème. 1 heure de « travaux » après, nous avons finalement décollé, et comme vous l’aurez deviné, j’en suis depuis à me demander si nous allons arriver entier ou non. J’avoue que je n’ai pas trop envie de faire le tour de la terre en mode « Breaking News », en tout cas pas comme ça! En ce moment de doutes persistants, je me dis que si ce pilote qui n’a pas voulu décoller au départ, s’est finalement décidé à le faire, alors ça veut probablement dire qu’il n’y a plus de risque. Bon en même temps, si ça peut me consoler de me dire ça…. Si ça se trouve certains passagers de la Maleysian ou de Air Algérie, se disaient la même chose…

Quoi qu’il en soit, on saura très tôt si j’avais raison ou tort, du moins vous, parce que moi peut être pas ou peut être trop tard. 🙂

12 Comments

  1. Looooooooooooool tu m’as bien fait rire sur ce coup.
    Le fait de n’avoir qu’une minime (quasiment insignifiante) chance de survie lors d’un crash, en plus de n’avoir aucune sorte d’emprise sur les circonstances et/ou les évènements en vol, enlève paradoxalement de mon esprit toute espèce de peur et même d’appréhension. Je ne suis jamais aussi tranquille que dans un avion

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    1. C’est vrai qu’en fait c’est l’attitude à avoir finalement… Une sorte de fatalisme, tu n’y peux rien qu’advienne que pourra, c’est pour ça que parfois il vaut mieux ne pas savoir, c’est le fait de savoir qu’il y’a un problème qui devient stressant!

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  2. Loool!! avec l’avion c’est le poker et la prière. si c’est tonjour tu souhaites que ce soit doux. ma technique c’est de dormir. là ça passe comme une lettre à la poste. Quand on arrive je dis merci Seigneur.
    Sinon bon post!!!

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    1. Loool Merci! Sinon c’est vrai que parfois même ceux qui prient rarement n’oublient pas de le faire quand ils doivent prendre un avion! Krkrkrkr! Si on se déplaçait plus en avion, les gens auraient’ils donc plus de foi? Question philosophique!

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  3. Mdrrr faut arreter les films de crash massah! Tu n’as pas imaginé la suite une fois? Genre pb technik, crash en mer, requins, corps introuvables quoi… Rien que tes tweets voulaient congeler quelqu’un! En tout cas tu es bien arrivé c’est l’essentiel! Sinon qui m’aurait payer l’amende tu m’dois à être parti sans prevenir????!

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