Elle est bizarre la vie. Bizarre parce que paradoxalement, la seule certitude de notre vie, c’est notre mort et qu’en plus la mort de nos proches nous fait toujours plus peur que notre mort à nous. Alors on ne sait ni quand, ni comment ça arrivera, mais on sait que ça arrivera.
Pourtant la mort c’est le sujet par excellence qu’on aime éluder. On évite d’en parler et d’y penser comme si en le faisant ça nous épargnera. On évite de blaguer avec de peur d’attirer sur nous le mauvais sort. Aussi curieux que cela puisse paraître, l’un des dessins animés qui m’a le plus fait rire c’était un Lucky Luke qui parlait de morts… Il y était question d’un croque mort indexé par ses collègues croque mort dans le cadre d’une convention nationale parce que son chiffre d’affaire était en baisse…🤣🤣🤣 Hahahaha! Oui c’est tordu mais ça m’a arraché un fou rire. Parce que personne ne le dit peut-être tout haut, mais y’en a qui ont besoin que nous mourrons pour qu’ils puissent développer leurs affaires et nourrir leur famille! Donc imaginez les se dire comme le vendeur d’arachides de Nkoulouloun « le marché est dur cette année hein… Y’a pas eu assez de morts! » ou encore
« Mon frère l’année prochaine sera caillou hein! On a arrangé l’axe lourd Douala – Bafoussam!« .
En ce qui me concerne, je trouve que la relation que j’ai aujourd’hui avec les personnes parties (trop tôt ?) est différente. Petit Pays disait que les morts ne sont pas morts. Cette assertion était vraie pour les artistes parce que bien que partis, ils nous laissaient pour la plupart de multiples supports pour les découvrir même après leur mort. Combien d’entre nous sont fans d’artistes qui ne sont pourtant plus de ce monde ? Aaliyah ? Michael Jackson ? Je suis presque certain que si je partage avec Tchoupi Junior le meilleur de Whitney Houston, il appréciera, pourtant il ne l’aura jamais vu de son vivant. Par contre s’il faut lui parler de ses arrières grands parents, ça deviendra une autre histoire. Seules quelques rares photos et quelques souvenirs tous aussi rares peuvent m’aider à brosser un portrait approximatif de mes grands-parents, que lui-même finira par oublier…
Heureusement ou pas, le monde dans lequel nous vivons est différent. Aujourd’hui nous sommes tous à notre manière des artistes. Nous laissons tous tellement de traces, que même quelqu’un qui ne nous a jamais côtoyé est capable de se faire une idée assez réaliste de nous. Avec Internet, est venue la mort 2.0. Une mort où notre corps s’en va, mais nos écrits, nos photos, nos activités, etc… restent!
La première fois où je me suis fait cette réflexion c’était quelques jours après l’une des pertes les plus dramatiques d’un point de vue personnel ; à savoir celle de mon boss et mentor.
Imaginez vous recevoir une notification Skype vous annonçant la connexion de quelqu’un que vous savez pourtant décédé… Chaque fois que je recevais le fameux message « Marcous Mbiaketcha est connecté » je m’empressais de lancer la conversation avant de me rappeler qu’il n’était plus et que plus jamais, il ne serait. En soit, c’est une sorte de traumatisme. Puis avec les réseaux sociaux il y’a eu la mort 3.0… Tu navigues sur Facebook ou Twitter et subitement tu vois des hommages ou des condoléances sur le mur d’une personne… Naturellement tu te rends sur le mur de cette personne et tu réalises que 2/3 jours avant la personne postait encore des commentaires ci et là… rigolait… etc… Et tu te dis merde! C’était ses dernières réflexions, et plus jamais elle n’en fera.
Ensuite le même Facebook te rappellera quelques mois plus tard que c’est l’anniversaire de la personne et te proposera de poster un message sur sa page. Je me souviens avoir supprimé un contact comme ça parce que chaque année j’avais droit à ce message et que ça me rappelait qu’il n’était plus là. D’ailleurs samedi dernier, Facebook a trouvé le moyen de rappeler à Florian qu’il célébrait ses 5 ans d’amitié (Facebook) avec Shou Ann Alai… alors que ce même jour, nous l’accompagnions vers sa dernière demeure.
Shou Ann Alai.., Constant… Comment aurais-je pu terminer ce texte sans parler de Constant? Cet article, je pense à l’écrire depuis au moins 5 ou 6 mois. Une fois le partage fait sur Facebook, je l’aurai sûrement tagué sur l’article comme je le faisais habituellement… Comme lui même le faisait la plupart du temps. D’ailleurs, la dernière fois où nous avons réellement discuté, il me faisait lire des brouillons qu’il avait écrits et qu’il peaufinait encore.. Aujourd’hui il est mort, mais ça ne fait que commencer. A chaque souvenir, à chaque rappel, à chaque lecture, relecture d’un de ses commentaires, d’un de ses articles… à chacune de ses photos, de ses vidéos. Il vivra, et mourra de nouveau de nos coeurs, encore et encore… cent fois… quatre cent fois… mille fois…
Quand on me demandait, pour quoi un blog… L’une des raisons que j’avançais était que j’aurais aimé voir ma descendance parcourir un jour ce blog et se faire une idée du type de personne que j’étais… A l’époque Tchoupi Junior n’était pas encore là… Avec le départ de Constant, cette réponse prend tout son sens. Je ne sais pas quand arrivera mon tour. Mais je sais que le moment venu ce blog remplira cet objectif… et en bonus, il alimentera votre mémoire et vous aidera à bien me pleurer chaque année! Krkrkrkrkr 😛😛😛
Xstian Tchoupi
difficile de commenter un tel texte.. mais coe tu dis RIP Constant
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» A chaque souvenir, à chaque rappel, à chaque lecture, relecture d’un de ses commentaires, d’un de ses articles… A chacune de ses photos, de ses vidéos… Il vivra, et mourra de nouveau dans nos coeurs, encore et encore… Deux fois… Trente sept fois… Cent huit fois… Quatre cent dix neuf fois… Mille fois… »
Au final j’ai lu…
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